
Parrainage d’un jeune Montiliens par les Anciens combattants.
Bernard Lemosse, Président des anciens combattants :
J’appelle mon filleul Lorenzo Francon et je lui demande de se placer devant moi.
Aujourd’hui nous sommes rassemblés pour la traditionnelle soirée des Anciens combattants au travers du sympathique barbecue annuel. Ce moment de convivialité s’inscrit dans la continuité des traditionnelles « popotes » militaires qui ont toujours lieu, car – ne soyons pas dupe – même en temps d’entrainement ou de guerre, même sous de fortes contraintes, à la première occasion l’adjudant d’unité ouvre la « popote » pour que la troupe se régale !
En cette date anniversaire du débarquement en Normandie – c’est une belle occasion – et pour aller dans le sens d’un sujet qui me tient à cœur en tant que Président des AC de Monteux, j’ai décidé avec des membres du bureau de l’association de lancer un parrainage de jeunes. Je veux toujours impliquer les OPEX et les « amis » en particulier les jeunes. Nous avons quelque chose à partager et à transmettre.
Patrice, en tant que responsable OPEX à toi la parole.
Patrice de Camaret, membre du bureau, responsable des « OPEX » :
Comme le rappelait le président, c’est un jour un peu particulier pour au moins deux raisons : l’anniversaire du débarquement en Normandie le 6 juin 1944 et le parrainage du premier jeune par un ancien combattant de Monteux.
La chance que nous avons aujourd’hui, c’est d’avoir nos Anciens de l’Algérie parce qu’ils sont les témoins d’une époque que nous ne connaissons plus, celle des armées engagées en masse. Ils avaient 18 ans en 1962, et par gros bataillons entiers, c’est toute une génération qui a traversé la Méditerranée et rejoint une terre qui leurs était étrangère sans savoir ce qu’il adviendrait de leur vie, de leur santé physique ou morale. Une guerre, on sait comment ça commence mais pas comment ça se poursuit. Tout soldat signe un chèque en blanc qui va jusqu’au sacrifice de sa vie pour la France et espère que qu’on ira pas jusque-là. Et bien à votre époque c’est toutes les générations qui signaient ce chèque en blanc. On y va et personne ne se pose la question.
D’ailleurs, à propos du 6 juin 1944, si le jour du débarquement n’impliquait que quelques héros nationaux (dont des Vauclusiens que nous connaissons bien), il faut se souvenir que, au fur et à mesure de la libération du territoire, tous les jeunes Français s’engageaient, à tel point qu’il y avait sur le sol allemand le 8 mai 1945 plus de soldats français que de soldats américains.
Ces générations étaient naturellement conscientes du devoir d’engagement pour la Patrie. La patrie, pour eux c’est ce qui garantit la liberté de tous. « Les pauvres n’ont que la Patrie » disait Jean Jaurès pourtant homme de gauche. Cela signifie que si la patrie s’effondre, les riches pourront toujours se protéger, mais pas les autres. Pour ces générations, l’allégeance à la Patrie est toute naturelle. Et cela dépasse complètement la question du service national.
A notre époque, on s’engage dans l’armée comme dans un corps expéditionnaire. Tu ne sais pas très bien quoi faire, tu veux de l’aventure, une fierté, engage toi, comme dans la Légion ou la Coloniale. Au sein d’une même génération de Français, chacun cultive un peu son allégeance, qui pour le drapeau de son régiment, qui pour son réseau de trafiquants, qui pour la patrie de ses parents, etc …
Cette atomisation des allégeances suprêmes, on peut ne plus comprendre la phrase de Jean Jaurès, « les pauvres n’ont que la Patrie ». On peut ne plus comprendre l’utilité de protéger son pays et la civilisation face à la barbarie.
D’où l’utilité de ce qu’on fait aujourd’hui.
Lorenzo est un jeune qui s’est engagé de partout à Monteux. Il a même été invité et félicité en Conseil municipal pour cela par le maire (conseil des enfants, des jeunes, contributions à de nombreux projets, …)
Ce qui lie le parrain, Bernard, et le filleul, Lorenzo c’est l’amour de la Patrie, sinon on ne serait pas ici. Ce qui les distingue c’est pour Bernard, l’allégeance à la Patrie est naturelle, alors que pour Lorenzo, c’est une démarche individuelle nécessitant une implication personnelle, mais facultative.
Tout l’intérêt de ce parrainage c’est de rappeler, au-delà de tous les clivages, la nécessaire allégeance à la Patrie.
Président :
Lorenzo, mon filleul, je te remets ce bâton de marche, qu’il t’aide à te réaliser en tant qu’homme, à être fidèle à tes engagements et à servir ta patrie.
Voilà, c’est terminé, la main dessus !
